La viticulture, tradition française
La France, pays touristique mondialement connu, est réputée pour sa capitale, sa mode, sa culture, son élégance, sa gastronomie, et…son vin. Elle compte 66 départements viticoles sur 96 en métropole, 17 régions sur 22 sont productrices de vin. L’hexagone occupe la 2ème place en production mondiale derrière l’Italie qu’elle a longtemps devancée, et assure 16% de la production planétaire. Elle exporte 30% de sa production. D’ailleurs, le vin est le second secteur d’exportation français après l’aéronautique et juste devant la chimie et la parfumerie.
La France compte 142.000 viticulteurs et avec ses 750.000 ha de vignes, elle possède 10% de la surface viticole mondiale. Les différents terroirs, la diversité des sols et des climats permettent au vignoble français de produire 3.240 vins différents pour 383 appellations différentes. L’hexagone détient 16 grands vignobles dont le Roussillon.
En termes de couleurs, la production française se répartit globalement en 55% de rouge, 26% de blanc et 19 % de rosé.
Les contours du Roussillon
Le Roussillon (Rosselló en Catalan) longe la frontière espagnole et s’étire tout au long de la belle Méditerranée jusqu’au massif des Corbières au nord. A l’ouest, il comprend les terres intérieures jusqu’aux contreforts des Pyrénées catalanes, plus précisément du Canigou. D’ailleurs, si vous en avez l’occasion grimpez au sommet de la montagne sacrée des Catalans et vous verrez, vous surplomberez cette magnifique partie de territoire qu’est la plaine du Roussillon jusqu’à la Côte Vermeille et la grande bleue.
Ancienne province du royaume des rois de France, le Roussillon comprend outre la Plaine du Roussillon, le Ribéral, la Salanque, la Côte Vermeille et les Albères. Il fait aujourd’hui partie intégrante du département des Pyrénées Orientales formé en 1790, au lendemain de la Révolution, avec les anciens comtés du Roussillon et de la Cerdane, le « Pays Catalan ».
Le saviez-vous ?
Selon vous, comment appelle-t-on les habitants des Pyrénées Orientales ?… Eh bien, il n’existe pas de terme officiel, …en fait on les appelle « Catalan(e)s » ou « Roussillonnais(e)s ».
Un climat exceptionnel
Avec une atmosphère méditerranéenne, chaude en été et douce en hiver, le Roussillon bénéficie d’un ensoleillement moyen de près de 320 jours par an (le plus fort ensoleillement de France) ! Voilà de quoi favoriser non seulement la bronzette sur le littoral, mais aussi le mûrissement des fruits en général et du raisin en particulier.
L’humidité marine dans l’air combinée à celle qu’apporte aux sols les rivières alimentées par les fontes des neiges des Pyrénées catalanes viennent nourrir la vigne.
S’ajoute à cela le vent, dont le plus connu est la Tramontane, vent violent, froid et sec. En réalité, plusieurs autres vents qui balayent le Roussillon : l’Albe, vent chaud d’Espagne qui descend du massif des Albères, Canigonenc, un vent d’ouest qui comme on peut le supposer vient du Canigou, le Levant (llevant en Catalan), doux et humide, il vient de la Méditerranée, ou la Marinade «marinada en Catalan », vent de la mer source de brumes côtières et de pluies sur les versants des Corbières, ou encore le Migjorn (qui signifie « midi » en Catalan), un vent du sud, très chaud qui nous vient d’Afrique, proche du Sirocco …
Tous ces vents purifient l’air régulièrement, favorisent l’évaporation de l’eau dans les sols et créent ainsi un état sanitaire naturellement bon pour la vigne. L’apparition des maladies phytosanitaires est limitée, ce qui permet de réduire les traitements. C’est une des raisons pour lesquelles le Roussillon est un des plus gros producteurs de vins biologiques en France.
La conjonction de toutes ces conditions font que les vignobles baignent dans une ambiance exceptionnelle. Ce climat spécifique auquel s’ajoutent des micros-climats, favorise la culture de vignes et de vins remarquables.
Le Roussillon, histoire d’un vignoble…
Le Roussillon et la Cerdagne redevinrent territoires français en 1659 par le Traité des Pyrénées. En 1790, ils ont permis, avec la petite région languedocienne du Fenouillèdes, la création du département des Pyrénées-Orientales. Mais la culture vigneronne de la région remonte à des temps bien plus lointains.
Comme sur tout le pourtour de la Méditerranée, les premières traces de culture de vignes et de commerce du vin en Roussillon, remontent à l’Antiquité grecque. Plus tard, au temps des Romains, sur les collines du Têt, trônait Ruscino, cité romaine sur laquelle Perpignan fut ensuite construite. On y dégustait du vin il y a plus de 2500 ans.
Après l’ère romaine, il faudra attendre le Moyen-Âge et le rétablissement de l’ordre religieux carolingien pour que la vigne revive dans le Roussillon. A cette époque les cépages sont remis en culture et les vignobles reconstitués. A titre d’exemple le vignoble de Rivesaltes a été régénéré par l’évêché d’Elne et celui de Banyuls par les Templiers.
Au Moyen-Âge, les vins considérés aussi comme remèdes servaient à soigner et à revigorer les personnes fragiles ou âgées. En 1285, un médecin de la Cour du roi de Majorque à Perpignan, qui était aussi alchimiste, cherchait à stopper la fermentation alcoolique du moût et à inhiber les levures. Ce Catalan, Arnaud de Villeneuve (Arnau de Vilanova), professeur de médecine à Montpellier et théologien testa l’ajout l’alcool à 96°. Il réussit l’exploit, la fermentation fut arrêtée, il venait de découvrir le « mutage ». Cette technique permet de conserver une partie du sucre naturel issu du fruit tout en stabilisant le vin qui ne s’oxyde plus. Et cela permet de produire des Vins Doux Naturels (VDN) …
Le 19ème siècle fut l’ère du développement de la viticulture en Roussillon. De grandes exploitations virent le jour et certaines sont toujours présentes sur le terroir comme à Villeneuve de la Raho, Baixas, Elne, Rivesaltes, … Cette expansion a été renforcée par l’arrivée du chemin de fer en 1856. La combinaison des deux phénomènes a fortement contribué à une montée en puissance de l’activité économique autour du vin et de son commerce à Perpignan, capitale de la région.
Mais en 1864, la vigne du sud de France est envahie par le « phylloxéra », puceron ennemi N°1 du vignoble. Certaines vignes ont été durement touchées et ont même dû parfois être arrachées. Cette catastrophe a plongé le monde viticole dans une crise sans précédent. En 1907, la tension était maximale et les vignerons du Midi se sont soulevés. La révolte est partie de Baixas pour lutter contre les fraudes de toute sorte en ces temps de pénurie. Cela a abouti le 29 juin 1907 à une première loi (qui sera suivie d’autres), interdisant le mouillage du moult de raisin et l’abus de sucre dans le vin afin de protéger les viticulteurs locaux. Cette crise a provoqué la réduction des grandes exploitations.
1936 voit la reconnaissance de la qualité des Vins Doux Naturels du Roussillon (VDN). Ce sont les premiers à bénéficier du label Appellation d’Origine Contrôlée (AOC à l’époque, AOP, label européen aujourd’hui). Encore actuellement, les VDN font toujours la réputation mondiale de l’ancestral vignoble du Roussillon. C’est l’un des lieux dans le monde où les terres nourrissent le plus de vieux cépages.
De nos jours la vigne se cultive dans la majeure partie des Pyrénées orientales : dans toute la Plaine du Roussillon, sur la côte rocheuse, en Fenouillèdes et même en Cerdagne !
Le saviez-vous ? C’est en Cerdagne que se trouve la vigne la plus haute d’Europe, à la « Cal Mateu ». 450 ceps forment une dizaine de rangs sur 16 ares. Ils ont été plantés sur les terres de la ferme-musée de Sainte-Léocardie en 1984 à 1286 mètres d’altitude, au cœur des Pyrénées. Le vin, « Clos Cal Mateu », un vin blanc, y est vendangé chaque année avant les premières gelées (en octobre ou novembre, selon le temps). Le vin se vend à la criée, généralement en août, et il part comme des petits pains …!
Le Roussillon, une palette de paysages à découvrir
Ce n’est pas pour rien que tant de peintres se sont attardés dans la région, fixant sur leurs toiles le soleil, les couleurs et les ambiances qu’ils ont tant aimé et apprécié en Pays Catalan. Appartenant à la région Occitanie et ancien territoire du Languedoc-Roussillon, le Roussillon a souvent été inspirant pour les artistes. Il bénéficie d’une situation géographique exceptionnelle entre mer et montagne, tout près de la frontière espagnole. Son soleil (environ 320 jours par an), ses plages (41 km de sable fin), sa culture catalane, sa gastronomie et son patrimoine en font une destination appréciée des estivants.
Mais, c’est aussi un sol fertile, une plaine alluviale qui favorise les cultures maraîchères et fruitières. Cette terre féconde est productrice de fruits d’excellence comme la cerise de Céret ou l’abricot rouge du Roussillon, de légumes du soleil… et de vignes.
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Le vignoble du Roussillon prolonge celui du Languedoc depuis l’étang de Leucate jusqu’à la frontière espagnole. On devrait d’ailleurs dire « des vignobles ». Ils s’étendent sur près de 21.000 hectares et sur des sols très divers (calcaire, argile rouge, schistes noirs, gneiss, granit, marbre), ce qui favorise la multitude des terroirs et une grande diversité de caractères pour des vins typiques et uniques. Pas moins de 25 cépages différents poussent à des altitudes variées et produisent 14 AOP et 2 IGP. Des vins d’Apellation dont la qualité et la réputation dépassent largement ce qu’on appelait autrefois « les vins de table » ou « les petits vins de pays ».
Le Roussillon est l’endroit idéal pour associer le plaisir de balades dans la nature et de découverte de paysages époustouflants. Le vignoble est implanté le long des fleuves sur des terrasses et sur les contreforts des massifs montagneux. Dans les Albères, à Collioure par exemple, il surplombe la Méditerranée et les terrasses sont renforcées par des murets de pierres locales, ce qui rend le lieu typique.
Tous les vignobles des Pyrénées orientales ont obtenu le label destination « Vignobles et Découvertes ». C’est un label national géré par Atout France qui récompense les destinations œnotouristiques de qualité. Le Roussillon est donc reconnu destination viticole d’excellence.
Là où la vigne et les cultures maraichères et fruitières laissent de l’espace, le terrain se fait terre d’accueil d’une végétation riche et variée composée d’oliviers, de chênes lièges et chênes verts, d’arbustes méditerranéens.
Cette belle région vous tend les bras avec son soleil et toute sa diversité. Même si c’est la grande bleue qui vous a tenté, n’hésitez pas à partir à la découverte de cette belle région viticole catalane qui vous offre tant de visages différents. Et tout en goûtant à la gastronomie locale, dégustez, avec modération bien sûr, les différents nectars issus des vignes du Roussillon.
Belle découverte !